Extraits

« If it had not been for these things, I might have lived out my life talking at street corners to scorning men. I might have died, unmarked, unknown, a failure. Now we are not a failure. This is our career and our triumph. Never in our full life could we hope to do such work for tolerance, for justice, for man's understanding of man as now we do by accident. Our words — our lives — our pains — nothing! The taking of our lives — lives of a good shoemaker and a poor fish-peddler — all! That last moment belongs to us — that agony is our triumph »
Discours au juge Thayer, Bartolomeo Vanzetti

Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas beosind e moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
Le Petit Prince, A. De Saint-Exupéry

[L'humour] ne saurait être permanent ni s'ériger en système, ou bien ce n'est qu'une défense comme une autre et ce nest plus de l'humour.
Petit traité des grandes vertus, A. Comte-Sponville

Comme il faut être orgueilleux, même, pour se mépriser.
Petit traité des grandes vertus, A. Comte-Sponville

Qu'elle tristesse si l'on ne pouvait rire que contre ! Et quel sérieux, si l'on ne savait rire que des autres !
Petit traité des grandes vertus, A. Comte-Sponville

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
L'isolement, Alphonse de Lamartine

ELVIRE
Est-ce trop peu pour vous que d'un coup de malheur ?
Faut-il perte sur perte, et douleur sur douleur ?
Le Cid, Corneille

DON RODRIGUE
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
A mourir par ta main, qu'à vivre avec ta haine.
Le Cid, Corneille

CHIMENE
De quoi qu'en ta faveur notre amour m'entretienne
Ma générosité doit répondre à la tienne,
Tu t'es en moffensant montré digne de moi,
Je me dois par ta mort montrer digne de toi.

Le Cid, Corneille

CHIMENE
Je sens couler des pleurs que je veux retenir,
Le passé me tourmente, et je crains l'avenir.
Le Cid, Corneille

DON DIEGUE
Ô rage, ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Le Cid, Corneille

DON DIEGUE
Tu dédaignes ma vie !
LE COMTE
En arrêter le cours
Ne serait que hâter la Parque de trois jours.
Le Cid, Corneille

This place is a message... and part of a system of messages... pay attention to it!
Sending this message was important to us. We considered ourselves to be a powerful culture.
This place is not a place of honor... no highly esteemed deed is commemorated here... nothing valued is here.
What is here was dangerous and repulsive to us. This message is a warning about danger.
The danger is in a particular location... it increases towards a center... the center of danger is here... of a particular size and shape, and below us.
The danger is still present, in your time, as it was in ours.
The danger is to the body, and it can kill.
The form of the danger is an emanation of energy.
The danger is unleashed only if you substantially disturb this place physically. This place is best shunned and left uninhabited.
Long-term nuclear waste warning messages

Mais paraître heureuse quand je suis si misérable ! Oh ! qui peut demander une pareille chose ?
Raison et Sentiments, Jane Austen

CALIGULA
Ah ! si du moins, au lieu de cette solitude empoisonnée de présence qui est la mienne, je pouvais goûter la vraie, le silence et le tremblement d'un arbre !
Caligula, Camus

HELICON
Il faut un jour pour faire un sénateur et dix ans pour faire un travailleur.
Caligula, Camus

CALIGULA
Tu penses que je suis fou.
HELICON
Tu sais bien que je ne pense jamais. Je suis bien trop intelligent pour ça.
Caligula, Camus

LE SPHINX
Pourquoi toujours agir sans but, sans terme, sans comprendre. Ainsi, par exemple, Anubis, pourquoi ta tête de chien ? Pourquoi le dieu des morts sous l'apparence que lui supposent les hommes crédules ? Pourquoi en Grèce un dieu d'Égypte ? Pourquoi un dieu à tête de chien ?
[...]
ANUBIS
Je répondrai que la logique nous oblige, pour apparaître aux hommes, à prendre l'aspect sous lequel ils nous représentent ; sinon ils ne verraient que du vide. Ensuite : que l'Égypte, la Grèce, la mort, le passé, l'avenir n'ont pas de sens chez nous.
La Machine infernale, Jean Cocteau

- Tu es vraiment dure, lui dit sa soeur, de m'interdire de sourire, alors que tu m'en donnes envie à tout moment.
Orgueils et préjugés, Jane Austen

[...] Et s'il en vient à s'attacher réellement à moi... Je pense qu'il serait préférable qu'il s'en dispense.
Orgueils et préjugés, Jane Austen

- Nous sommes tous deux asociaux, taciturnes, peu enclins à parler à moins que ce ne soit pour émerveiller la salle entière en proférant une parole qui passera à la postérité avec tout l'éclat d'un proverbe
Orgueils et préjugés, Jane Austen

- Voilà qui est bien compliqué, désolant même. On ne sait pas quoi penser.
- Je te demande pardon; on sait exactement ce qu'il faut penser.
Orgueils et préjugés, Jane Austen

- Il y a, je crois, dans tout tempérament, un penchant vers un mal particulier, vers un défaut naturel, dont même la meilleure éducation ne peut venir à bout.
- Et votre défaut à vous, c'est une propension à destester tout le monde.
Orgueils et préjugés, Jane Austen

Le Médecin
Vous avez frôlé mille fois la mort.
Le Roi
Je la frôlais seulement. Elle n'était pas pour moi, je le sentais.
Le Roi se meurt, Ionesco

-[...] Mais vos victoires seront toujours provisoires.
- Toujours, je le sais. Ce n'est pas une raison pour cesser de lutter.
La Peste, Camus

Il n'a pas vu assez mourir et c'est pourquoi il parle au nom d'une vérité. Mais le moindre prêtre de campagne qui administré ses paroissiens et qui a entendu la respiration d'un mourrant pense comme moi. Il soignerait la misère avant de vouloir en démontrer l'excellence.
La Peste, Camus

L'enfance ne me manque pas, mais me manque cette façon que j'avais de prendre plaisir aux petites choses, alors même que de plus vastes s'effondraient.
L'Océan au bout du chemin, Neil Gaiman

Les adultes non plus, ils ressemblent pas à des adultes, à l'intérieur. Vis de dehors, ils sont grands, ils se fichent de tout et ils savent toujours ce qu'ils font. Au-dedans, ils ressemblent à ce qu'ils ont toujours été. A ce qu'ils étaient lorsqu'ils avaient ton âge. La vérité c'est que les adultes existent pas. Y en a pas un seul, dans tout le monde entier.
L'Océan au bout du chemin, Neil Gaiman

Cet individualiste qu'ils ont voulu faire, très tôt, de moi... Je le tuerai, à la longue.
La Horde du contrevent, Damasio

Un jour qu'on apprit qu'il était arrivé au vieil absent, Lord Linnoeus Clancharlie, diverses choses dont la principale était qu'il était trépassé. La mort a cela de bon pour les gens, qu'elle fait un peu parler d'eux.
L'homme qui rit, Victor Hugo

Georges III, ayant perdu dans sa vieillesse l'esprit qu'il n'avait jamais eu dans sa jeunesse
L'homme qui rit, Victor Hugo

Il n'a jamais l'air de faire un compliment, et pourtant tout ce qu'il dit flatte.
Les Liaisons dangereuses, Laclos

AVARE
Pourquoi ne péririez-vous pas ?
Vous n’avez nullement envie de vivre
-La Ville, Paul Claudel

« Ce pont vaut-il le prix d’un visage écrasé ? »
Pas un des paysans, à qui cette route était ouverte, n’eût accepté, pour s’épargner un détour par le pont suivant, de mutiler ce visage effroyable. Et pourtant l’on bâtit des ponts. L’ingénieur avait ajouté :
« L’intérêt général est formé des intérêts particuliers : il ne justifie rien de plus. »
« Et pourtant, lui avait répondu plus tard Rivière, si la vie humaine n’a pas de prix, nous agissons toujours comme si quelque chose dépassait, en valeur, la vie humaine… mais quoi ? »
-Vol de Nuit, St Exupery

Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite
Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel mal mystérieux ronge son flanc d’athlète ?

-Elle pleure, insensé, parce qu’elle a vécu !
Et parce qu’elle vit ! Mais ce qu’elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu’aux genoux,
C’est que demain, hélas ! Il faudra vivre encore !
Demain, après-demain et toujours ! - comme nous !
-Les Fleurs du mal, Baudelaire, Le Masque

LE MORT JOYEUX

Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde,

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
-Les Fleurs du mal, Baudelaire

DANSE MACABRE

Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature
Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants
Elle a la nonchalance et la désinvolture
D'une coquette maigre aux airs extravagants.

Vit-on jamais au bal une taille plus mince?
Sa robe exagérée, en sa royale ampleur,
S'écroule abondamment sur un pied sec que pince
Un soulier pomponné, joli comme une fleur.

La ruche qui se joue au bord des clavicules,
Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher,
Défend pudiquement des lazzi ridicules
Les funèbres appas qu'elle tient à cacher.

Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres.
Ô charme d'un néant follement attifé.

Aucuns t'appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L'élégance sans nom de l'humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher!

Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace,
La fête de la Vie? ou quelque vieux désir,
Eperonnant encor ta vivante carcasse,
Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir?

Au chant des violons, aux flammes des bougies,
Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur,
Et viens-tu demander au torrent des orgies
De rafraîchir l'enfer allumé dans ton coeur?

Inépuisable puits de sottise et de fautes!
De l'antique douleur éternel alambic!
À travers le treillis recourbé de tes côtes
Je vois, errant encor, l'insatiable aspic.

Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie
Ne trouve pas un prix digne de ses efforts
Qui, de ces coeurs mortels, entend la raillerie?
Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts!

Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensées,
Exhale le vertige, et les danseurs prudents
Ne contempleront pas sans d'amères nausées
Le sourire éternel de tes trente-deux dents.

Pourtant, qui n'a serré dans ses bras un squelette,
Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau?
Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette?
Qui fait le dégoûté montre qu'il se croit beau.

Bayadère sans nez, irrésistible gouge,
Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués:
«Fiers mignons, malgré l'art des poudres et du rouge
Vous sentez tous la mort! Ô squelettes musqués,

Antinoüs flétris, dandys à face glabre,
Cadavres vernissés, lovelaces chenus,
Le branle universel de la danse macabre
Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus!

Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange,
Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir
Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange
Sinistrement béante ainsi qu'un tromblon noir.

En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire
En tes contorsions, risible Humanité
Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe,
Mêle son ironie à ton insanité!»
- Les Fleurs du mal, Baudelaire

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